jeudi 18 septembre 2008

Restons motivés

La saga des intempéries continue. Mais il faut dire que rien n'est fait à moitié sur ce sacré continent américain. Par exemple l'ouragan Ike n'a tué personne icitte, mais ses derniers remous se sont faits sentir jusqu'au Québec.


L'espoir qui nous reste est qu'Octobre nous réserve ce fameux été des indiens : un retour au soleil et aux températures proches des 30 degrés malgré les froids qui démarrent en septembre. Mais en attendant, est ce qu'on déprime ? Pas vraiment ! J'ai même entendu un sociologue rappeler que parmi les clichés de nationalité (Japonais travailleurs, Allemands rigoureux, Français gastronomes...) les Québécois ont la réputation de toujours chercher le fun, le "gros fun noir" même : voyez le pourcentage d'humouristes québécois qui marchent dans le monde, les Têtes à claques, le festival international juste pour rire de Montréal...
Le courriel viral qui circule cette semaine nous le prouve, je ne sais pas qui a écrit le texte suivant, mais cette version, ce style que je trouve très local, montre assez bien la volonté continue de garder le sourire, de voir les choses plus cool et si possible un peu en dessous de la ceinture (mais pas trop), plus direct en tout cas.

La lettre de la pluie :
Chers Québécois et Québécoises,
Bonjour, c'est moi, la pluie. Je voudrais répliquer à la campagne de dénigrement que vous menez à mon égard. Je sais que vous me détestez depuis toujours, et cet été encore plus que jamais.
Ben savez-vous quoi? Je suis encore plus tannée de vous autres que vous êtes tannés de moi! C'est fort. Ça fait 400 ans que j'endure, aujourd'hui, je déborde! Je ne suis plus capable de vous entendre vous plaindre de moi: «Ah! pas encore de la pluie! Maudite pluie! Y fait pas beau!»
C'est quoi, ça, il ne fait pas beau? C'est tout à fait subjectif. Pourquoi le soleil, c'est du beau temps, et la pluie du mauvais temps? Vous irez en Éthiopie, au 100e jour de sécheresse, voir s'ils trouvent qu'il fait beau. Laissez-moi vous dire que, lorsque j'arrive là-bas, c'est moi, le beau temps.
Pourquoi êtes-vous en adoration devant le soleil? Le soleil vous brûle, vous donne le cancer et vous tue. Vous êtes absurdes. Vous vous déshabillez quand il fait soleil et vous vous habillez quand il pleut! Gros quotients! C'est le contraire qu'il faut faire. Le soleil, c'est du feu. La pluie, c'est de l'eau. Vous habillez-vous pour prendre votre douche? Votre peau aime l'eau. Votre peau haït le feu. Vivez en harmonie avec votre corps. Quand il pleut, au lieu de vous couvrir et de vous réfugier dans la maison, enfilez votre maillot et venez dehors. Pas besoin de crème et d'indice de protection. Vous n'êtes jamais autant en sécurité dehors que lorsqu'il pleut. Bien sûr, un éclair peut venir vous chatouiller un peu. Mais là, pas besoin d'avoir peur, franchement! Avez-vous déjà gagné à Loto-Québec? Non? Ben vous ne serez pas foudroyé non plus.
J'ai un coeur, moi aussi. Comment pensez-vous que je me sens quand j'entends quelqu'un dire: «On a eu un été pourri, il a plu tout le temps»? C'est pas parce qu'il pleut qu'on ne peut pas avoir un été merveilleux. Que fait l'homme quand il fait soleil? Il joue au golf. Que fait l'homme quand il pleut? Il fait l'amour. Vous n'allez pas me dire, messieurs, que vous préférez jouer au golf plutôt que faire l'amour à votre femme? Et vous, mesdames, vous n'allez pas me dire que vous préférez que votre mari joue au golf plutôt qu'il vous fasse l'amour?
Il n'y a rien de plus romantique, de plus sensuel que moi. Quand on tombe amoureux, on dit qu'on a un coup de foudre, pas un coup de soleil. Le coup de soleil, ça vous rend rouge comme un homard, puis vous pelez pendant deux semaines. Le coup de foudre vous rend heureux et léger. Pourtant, vous chantez le soleil: «Soleil! Soleil!» Vos grands poètes écrivent même des odes à la neige: «Ah! que la neige a neigé...» «Mon pays, c'est l'hiver.» Pour moi? Rien. À part une toune de Vilain Pingouin.

Rien pour remonter un ego. Voulez-vous bien me dire ce que je vous ai fait pour que vous aimiez même la neige plus que moi? C'est du racisme! Après que je suis tombée, vous n'avez rien à faire. Vous allez dehors et vous sifflez. Pas de pelletage, pas de millions à dépenser pour tout ramasser avec des camions. Niet. Votre gazon est plus beau. Et l'air sent meilleur. Mais pas le moindre merci. Pas la moindre poésie.
Je suis tannée des petites météorologues qui parlent de moi comme si j'étais la peste ou Ben Laden: «On ne vous dira pas ce qui s'en vient pour la fin de semaine! C'est effrayant! Faut surtout pas que vous soyez fâchés contre moi. Je n'y suis pour rien!» On le sait bien, que tu n'y es pour rien. T'es pas Zeus! T'es juste une jolie fille qui lit des cartons. La pluie est un effet spécial qu'aucun Stephen Spielberg n'est capable de reproduire. Au cinéma, parfois, ils font pleuvoir sur un coin de rue, et ça leur coûte un bras! Wow! Moi, je suis capable de pleuvoir de Gaspé à Gatineau! Pour pas une cenne! Profitez-en au lieu de gueuler! Y a juste Gene Kelly qui a compris qu'on peut avoir du fun sous la pluie. Si toutes les belles filles se promenaient en costume de bain quand il pleut, il y aurait plus de gars sur les terrasses les jours de pluie que les jours de soleil. Quand il mouille, c'est le temps de laver votre char, ça ne peut pas être plus écologique. C'est vrai, vous n'arrêtez pas de dire que l'eau est rare, qu'il faut l'économiser, il y a même des polices pour surveiller ce que le voisin fait avec son boyau. Et quand cette manne vous tombe du ciel, arrose vos jardins, nettoie vos trottoirs, gratis, vous trouvez le moyen de râler. Ça va faire!
Le monde change, ben vous allez changer. Le virage vert, vous allez le prendre pour vrai. Vous n'arrêtez pas de dire que vous êtes verts et vous déprimez quand il pleut. C'est pas logique. Qu'est-ce qui rend la planète verte? Moi! La pluie! Le soleil la rend jaune caca. Le réchauffement de la planète, ce ne sera pas ma faute à moi, ça va être la faute du soleil, que vous aimez tant. Vous allez disparaître à cause du soleil, pas à cause de la pluie! Avant, vous aimiez les gros chars qui polluent, maintenant vous aimez les petites caisses électriques. Avant, vous aimiez le soleil, maintenant vous allez aimer la pluie. Le beau temps, ça va être moi. Le mauvais temps, ça va être lui.
Sinon, je m'en vais. Ou plutôt, je reste!

Alors, convaincus ??

8 commentaires:

Unknown a dit…

Complètement, on l'a dit et répété pendant le semaine de camping: il a fait beau et même très beau!!!
En tout cas avec un été pareil on n'a pas beaucoup joué au golf...

Anonyme a dit…

Et bien !
En France aussi, il y a eu de grosses précipitations, des villages inondés, des voitures emportées et des maisons détruites...
Ce n'était pas Ike. Et pour une fois, ce n'était pas Sarko non plus.
Nous sommes condamnés à ne vivre que des années exceptionnelles.
Profitons donc de l'instant. Carpe diem.

Votre lettre de Madame la Pluie est bien sympathique. Avoir de l'eau qui tombe sur nos champs et nos grands chênes, qui coule dans nos rivières, dans nos réserves et dans nos tuyaux est une bénédiction et un sacré privilège.
Merci donc à Elle.

Pendant que je tiens le clavier, laissez moi vous narrer une anecdote qui m'est arrivée pas plus tard qu'avant hier :
Je marchais Place d'Italie quand je fus acosté par une dame bien mise, qui me dit, avec ce super accent québécois, qu'elle venait de Montréal avec sa fille et sa petite fille (à côté d'elle), qu'ayant atteint le plafond de sa carte de crédit, elle n'avait plus d'argent et qu'elle s'excusait de devoir m'en demander juste pour pouvoir manger.
je lui demandais dans quel quartier de Montréal elle habitait. "Jean Talon, vous connaissez ?".
Bref, à ces évocations, mon coeur ne fit qu'un bond. Je fondis, ... et me fendis ... d'un billet de 20 euros.
En racontant cela, on se moqua bien de moi.
La nouvelle mode de l'arnaque, parait-il, est celle du mendiant chic, sûr, en tombant sur le bon pigeon (comme moi), de récolter pour le moins un billet, au lieu de, comme le tout venant, se faire rabrouer ou n'avoir qu'une petite pièce.

On n'arrête pas d'apprendre, hein ?.
"... Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute".

Anonyme a dit…

Wow, une mendiante de Montréal, avec sa petite fille ? C'est bien rare, je ne sais pas ce qu'il en est mais son histoire à l'air crédible. Moi j'opte pour une Québecoise sincère.
Sinon merci aux défenseurs de la pluie. Vive les convaincus !

Unknown a dit…

Heu nous on fait les mendiants français à Montréal avec nos deux enfants : notre banque nous avait bloqué la carte bleue par erreur!!! Heureusement que de gentils Montréalais (enfin presque), ont accepter de nous avancer quelques dollars pour assurer notre début de séjour... Alors oui, moi aussi j'opte pour la crédulité et l'optimisme des convaincus! Merci à Pierre d'avoir su transmettre certaines valeurs à son fils...

Anonyme a dit…

et en plus, ... pigeon ou pas, je ne regrette rien.

Merci Yowen de me confirmer dans ma bonne action.

je sais, dans notre vie, le paquet d'argent qu'on a laissé à des Africains, Maghrébins, Américains du Sud, et aussi à des Français, ... pour avoir été, à ce point, très, trop, si, tellement, ... crédules, gentils, naifs, ... et souvent vraiment trop couillons !!!

En fait, on n'apprend pas.

Mais c'est tellement mieux ainsi,
que d'avoir été du bon côte du manche,
que de n'avoir pas été à leur place, .
Je sais que mes garçons suivent les mêmes traces.
C'est pour cela que vous avez la chance de les avoir, et qu'il faut les aimer ainsi.
Parce qu'ils le valent bien.

"Non, rien de rien, je ne regrette rien"

Gracianne a dit…

Il a raison papierre, faut pas regretter ses bonnes actions, manquerait plus que ca!

bon, j'ai bien compris, j'm'en vais me mttre en maillot, il pleut dehors la.

Anonyme a dit…

Allo Gracianne,
J'ai failli te répondre : "si tu te mets en maillot sous la pluie alors moi aussi !", mais...après mure réflexion, je pense que ne m'engagerai pas sur ce terrain frigorifiant.
C'est toi la plus courageuse.
Eric

Gracianne a dit…

Apres toi jeune homme :)